La quête.

Publié le par chiroman

En pêche à vue, on est toujours à la quête Du poisson. LA truite, celle qui vous rend fébrile lorsque vous hésitez entre deux mouches, ou lorsque les doigts tremblent pour faire le noeud, celle qui vous fait lever le matin aux aurores, pour être dès les premières lueurs du jour au bord de l'eau...

Commençons par le début.
Pour moi, la traque en nymphe à vue, ce n'est pas de la pêche. Mais plutôt une chasse ! Une bonne journée de nymphe à vue sur les gros poissons, votre nymphe est peut être 10/15 minutes dans l'eau (certains jours compliqués, cela ne peut être que quelques secondes, ou pas du tout). Le reste du temps, vous arpentez les berges, scrutez, attendez, vous positionnez, puis enfin vous pêchez. Et quelques lancers plus tard, soit elle est au bout, soit elle est loupée,  soit elle partie car elle a compris qu'il y avait quelques chose d'anormal...
Ici il ne faut pas regarder le résultat (nombre de prises, ou ratio temps passé/prises), car il y a bien plus "rentable" mais niveau plaisir personnel, c'est pour moi le top ! Je préfère 1000 fois 1 seul beau poisson pris à vue avec un coup de ligne sympa, que pleins de poissons plus petits pris à "l'aveuglette".
Je ne critique pas, ni ne minimise les autres pêches, mais tout simplement je ne vibre pas, ne frémis pas, comme lorsque je vois un poisson se décaler pour venir intercepter mon imitation...
Cela fait plus d'une vingtaine d'année que j'y ait goûté, et Dieu sait que je ne suis toujours pas rassasier !
Chaque sortie amène son lot de découverte, de remise en question, de réflexion, etc...
De nombreux facteurs rentrent en ligne de compte sur une partie de pêche : le niveau d'eau, la météo (comme la présence de pluie, ou le vent qui est notre pire ennemi) l'époque de l'année, le moment de la journée, la pression de pêche, etc...
Aujourd'hui les rivières subissent de telles agressions que les poissons sont beaucoup plus rares qu'à mes débuts. Lorsque l'on en voit un, il faut être efficace de suite, et faire les bons gestes dès le premier lancer (ou le second si on a de la chance).
Et pour être efficace, il faut bien connaître et ne pas se poser de questions sur son matériel. L'exemple le plus parlant est le fil ou fluoro que l'on utilise pour sa pointe. En plus de 20 ans, je n'ai eu que 3 fils/fluoro différents... Et celui que j'utilise aujourd'hui, cela fait plus d'une douzaine d'année que j'ai le même, et je n'ai aucune intention de changer! Je sais assez précisément jusqu'à quel point je peux brider un poisson sans risquer la casse.
Pour avoir des résultats réguliers, il n'y a pas de mystères, il faut être au bord de l'eau. Comme je dis souvent, ce n'est pas devant son écran d'ordi ou confortablement assis dans son canapé que l'on réussira à faire du poisson.
Il faut prospecter, être au bord de l'eau même quand les conditions peuvent sembler mauvaises (météo exécrable ou niveau d'eau trop haut) et là on peut apprendre ou découvrir des choses très intéressantes pour de futures sorties.
Un exemple, rivière très haute, du coup compliqué de pêcher à vue, et bien, on peut tomber sur un amorti alimenté par une petite source (il y a quelques années je faisais toujours mon premier poisson de la saison sur ce type de poste sur une certaine rivière)...
Et à force de croiser tout un tas d'informations, récoltées au fur et à mesure des sorties avec pleins de conditions différentes, on peut comprendre pas mal de trucs et trouver plus rapidement les poissons.
Cette année, un copain qui a peu l'occasion de pêcher les rivières franc comtoise, était sidéré de voir à quelle vitesse "je prospectais". Comme je l'ai dit plus haut, il y a moins de poissons qu'avant, et il faut donc aller à "l'essentiel" pour espérer en voir un maximum. Je pense pas mal connaître la rivière, et donc je marche beaucoup pour trouver les spots qui selon mes "observations passées", peuvent abriter des poissons.

Une fois le ou les poissons trouvé(s), et que l'on fait son premier lancer (ou second) vient le moment du ferrage...
C'est LE moment qui va tout décider.
On peut avoir tout fait comme il faut (approche, lancer, dérive), puis un ferrage un peu en avance ou un peu en retard et tout est annihilé.
Le cas le plus simple est de voir le poisson se décaler, ouvrir un grand four (blanc) et refermé, et c'est là le bon moment pour ferrer ! Mais c'est loin d'être toujours comme cela. Et là pareil, c'est des heures d'observations, d'analyses, pour pouvoir commencer à comprendre quand faut il ferrer...
Car on est bien d'accord, qu'une nymphe sobre en hameçon de 14, à une dizaine de mètre, c'est impossible de la voir !
C'est donc le comportement du poisson qui va nous dire si elle a pris et qu'il faut ferrer.
Il y a déjà un point très important selon moi, c'est de réussir à comprendre et donc de "visualiser" sa nymphe en train de dériver dans l'eau.
Par exemple, si on évalue mal la vitesse de derive et que l'on pense qu'elle dérive  moins vite, le poisson va se saisir de la nymphe puis la recracher car on va penser qu'elle est encore 1m en amont du poisson, par exemple. Ou encore une petite veine d'eau qui va l'envoyer sur un côté, on verra le poisson se décaler alors que pour nous, la nymphe arrive bien dans son axe et elle aura juste à ouvrir la bouche...
La dérive se passe en 3 dimensions et il faut réussir à comprendre comment la nymphe va évoluer. Le lestage et la vitesse du courant pour la hauteur dans la colonne d'eau, ainsi que choisir combien en amont du poisson il faut poser. Et enfin il ne restera qu'à choisir le "droite/gauche"...
Au sujet du droite/gauche, lorsqu'un poisson est bien actif, je choisis volontairement de ne pas poser dans son axe. Ainsi le poisson devra se décaler et ce sera plus facile pour moi de "voir" la prise de la nymphe.
On revient maintenant au "quand ferrer" ... Comme dit plus haut, c'est beaucoup d'observations, pour engranger un maximum d'expérience.
C'est pour moi très dur à expliquer car certaines fois je ferre sans que rien ne me dise de ferrer et pourtant le poisson est au bout.
Il y a toutefois 2 trucs intéressants à observer (si on le peut) sur le poisson qui peuvent nous aiguiller. Les nageoires pectorales et les ouïes. Pour prendre une nymphe, le poisson s'oriente (côté ou hauteur) grâce aux pectorales. Au moment de prendre la nymphe, le poisson a "verrouillé" sa cible et donc les nageoires ne bougent plus. Par exemple, il se décale sur un côté, cabre, puis stop. C'est quelques instants après ce stop qu'il faut ferrer.
Et pour aspirer une proie, il y a aussi très souvent un petit mouvements des ouïes.
C'est un moment très compliqué à trouver au début mais ensuite, c'est vraiment jubilatoire de ferrer un poisson alors que ce dernier ne nous a rien laisser transparaître !

Cette quête DU poisson remonte déjà à un sacré bail...
J'ai mis pas loin d'un an avant de prendre ma première pas vilaine, et je m'en rappelle encore très bien, et elle est en photo chez mes parents. C'était un poisson d'environ 45, pris à proximité de racines, le long du camping de Pont d'Ain.
Ce poisson a finit de développer le "virus nav" qui était déjà là, dans mon esprit...
Cette pêche à vue permet donc de choisir le poisson que l'on va chercher et c'est donc "naturellement" que l'on va choisir toujours plus long (ou gros). Il m'est arrivé plusieurs fois de ne pas pêcher un poisson qui était bien actif devant moi car je savais (ou je me doutais) qu'il y avait plus gros à proximité... Si je faisais "la petite", cela mettrait en éveil la plus grosse et donc se méfierait plus, ou pire disparaissait sous son caillou.
On adapte ensuite le choix du parcours. On choisit des parcours plus larges, plus profonds, un peu moins adaptés aux truites, mais où on pense qu'il peut y en avoir une ou deux très grosses. On passe généralement beaucoup de temps à prospecter ce genre de parcours pour espérer LA croiser... Souvent beaucoup de temps pour pas grand chose, mais certaines fois ça paie.
Ce qui est dur avec ces parcours, c'est que malgré l'échec (n'avoir rien vu), il faut y retourner car on peut y être allé trop tôt ou trop tard dans la saison. Ou encore le matin alors qu'il faudrait y être aux aurores ou en plein midi pour avoir le maximum de lumière. Bref, on essaie pleins de paramètres ou conditions différentes pour avoir la chance de LA croiser.

J'ai croiser quelques poissons exceptionnels. Certains que je n'ai pas pu pêcher car il restait au milieu de la rivière, ou lorsque j'ai pu les pêcher il était trop profond. Et puis j'en ai perdu, comme cette grosse truite qui gobait et j'étais tellement fébrile que j'ai cassé au ferrage (hein Julien ???) , ou encore ce gros poisson tout noir en fin de saison, que j'ai réussit à mettre à l'epuisette mais le filet avait un petit trou... Elle a mis le museau dedans et après un grand coup de caudale, le trou était beaucoup plus grand, et le poisson n'était plus dans l'epuisette !
Mais il y a du tout de même pleins de beaux poissons, pleins de beaux coups de ligne qui restent gravés dans ma mémoire, mais on en veux toujours plus. Toujours plus gros, plus long...

Mais là, au bout de plus d'une vingtaine d'année, je pense pouvoir dire, que cela sera dur de faire mieux. A la différence des gars de Kaamelot, j'ai trouvé et j'ai eu en main mon graal...

Il faudra patienter encore pour la voir. Patienter jusqu'à la sortie du prochain Pêche Mouche, où vous pourrez la voir et je vous raconterai comment ce poisson a finit dans mon épuisette...

La quête.
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article